Côte des Blancs
LA VIGNE
Le terroir écrit l’histoire d’un vin
Le travail du vigneron est d’aider la vigne à exprimer au mieux le terroir. Chaque vigneron a une vision et une approche différente, personnelle!
Le temps est essentiel, indispensable, pour comprendre son terroir. Il m’a fallu plusieurs années de travail dans les vignes avant de commencer à faire mon vin. J’ai commencé par un travail traditionnel pour apprendre et j’ai fait évoluer mes pratiques. Dans un premier temps vers la viticulture durable (certification HVE & VDC) qui m’a permis de réfléchir toutes les interventions (quantité de produits utilisés, nombres d’interventions, type de produits utilisés) et m’a forcé a mieux connaitre les maladies et donc être plus précis dans mes interventions de protections du vignoble. Pour aller toujours un peu plus loin le vignoble est certifié en Agriculture Biologique depuis la vendange 2020. Dans la même idée, je suis influencé par la viticulture biodynamique, utilisation de bouse de corne (500P), de silice (501), de valériane (507), d’infusion et de décoction de plantes (ortie, prêle, consoude, achillée mille-feuille…). Toute ces pratiques contribuent à la diminution des doses de cuivre et de souffre, mais aussi d’accentuer le respect du sol et du vivant. Un écosystème c’est un ensemble dont la vigne fait partie! L’envie et la volonté de bien faire permet d’avancer et de continuer.
EN CAVES
Guider le vin sans lui imposer de direction
Mon idée de la vinification est des plus simples. Un beau raisin expressif se suffit à lui-même. Cependant j’aime tout de même utiliser des barriques, l’image, l’histoire, les sensations, le travail, la diversité, tous ces éléments me pousse à vinifier avec des fûts. Le lien entre le bois et le jus de raisin est très fort, il doit se créer une vrai complémentarité, ni trop, ni trop peu !
Le vin ne doit pas se faire dominer par la barrique et le bois doit tout de même travailler avec le vin. Chaque fût apporte une complexité aromatique unique et me permet lors des assemblages de créer à l’infini.
Lorsque j’ai commencé à faire mes vins, j’ai souhaité me réapproprier mon terroir, c’est pourquoi j’ai choisi de faire des Champagnes parcellaires. Chaque parcelle à son histoire, son identité, c’est aussi pourquoi toutes mes fermentations pendant les vendanges sont spontanées, l’idée est que chaque parcelle à sa propre biodiversité, sa propre flore. Les ferments, naturellement présents sur la peau des raisins sont normalement différents d’une parcelle à l’autre, il me semble donc logique de ne pas interférer avec l’identité de la parcelle dont les ferments font partie comme les raisins !
La fermentation se fait donc de façon naturelle. Une fois la fermentation achevée vient le temps de l’élevage, je ne soutire pas avant le mois de juin sauf si un vin présente une nécessité lors des dégustations. De long mois de travail avec les lies permet au vin de se construire et d’acquérir de la complexité.
Au niveau de l’utilisation du SO2, j’en utilise toujours juste après le pressurage et de temps en temps lors de l’élevage mais cela reste exceptionnel ! Avant de devoir utiliser du SO2 d’autre solution existe, le batonnage, remise en suspension des lies dans le vin, permet de protéger le vin de l’oxydation. Si après deux batonnages il n’y a pas de changement je vais utiliser un peu de SO2 pour le protéger, mais toujours en dose très faible.
LES CUVÉES
Lydien, Mixolydien, Dorien, ces mots ne vous parle pas forcement. Ils sont effectivement empruntés au lexique musical. Ce sont des modes, utilisé notamment en jazz modale lors d’improvisation pour apporter plus de liberté au musicien. Comme l’a dit Miles Davis, quand on jouait en modal on pouvait continuer à l’infini. Chaque mode va apporter une atmosphère spécifique au même morceau, tout comme le terroir va créer un vin différent avec le même cépage.. J’ai commencé mes vinifications avec 3 parcelles, deux sur Oger et une dans les bas du Mesnil sur Oger. Même si la craie semble la même sur tout le coteau, l’exposition, la profondeur de terre, la fracturation de la craie apporte des différences qui vont modifier les vins. Comme le mode musical va apporter sa propre sonorité.
Tout le travail effectué dans les vignes depuis que je suis revenu m’a permis de bien connaitre chaque parcelle, leurs faiblesses, leurs points fort. Mais je ne savais pas ce que cela donnait dans les vins. C’est pourquoi j’ai tout de suite voulu faire des vinifications en séparant chaque parcelle.. Pour ne pas perdre l’un des éléments si important en Champagne qu’est l’assemblage, j’ai voulu garder des vins de réserve de chaque parcelle que j’ai par la suite travailler en solera.. Une solera est un mélange de tous les millésimes. Chaque année je vais utiliser une partie des soleras pour faire mes assemblages et comblé le manque par du vin de l’année et de la même parcelle. Cela nous amène donc a l’explication des numéros de cuvée.
Le Lydien n°45 ; provient de la parcelle Chemin de Flavigny, issu de la vendange 2016. Mis en bouteille en Juillet 2017, dans l’assemblage il y aura donc une majorité de vins de l’année 2016, environ 80% et 20% de vin de réserve issu de la solera, donc un mélange de 2014 et 2015. 14+15+16=45
La cuvée Chromatique est un assemblage de toutes les parcelles, en musique, la gamme chromatique est une gamme ou l’on utilise absolument toutes les notes !
Infos
- Terroir : Côte des Blancs
- Création du domaine : 2011
- Travail de la vigne : En conversion vers l’agriculture biologique et biodynamique
- Surface : 4 ha de vignobles anciens entre 40 et 60 ans répartis à parts égales entre Oger et Le Mesnil-sur-Oger
- Cépages : Chardonnay, Chardonnay Muscaté
- Villages : Oger (Grand Cru) et Le Mesnil-sur-Oger (Grand Cru)
- Parcelles : 3 – Les Hautes Mottes (Le Mesnil-sur-Oger), Le Chemin de Flavigny et Le Moulin (Oger)
- Production : 7500 parcellaires
- Divers : Ingénieur en aérospatiale puis sommelier
Sur table
- L’ Assiette Champenoise, par Arnaud Lallement (Tinqueux)
- La Maison d’à Côté, par Christophe Hay (Montlivault)
- Racine, par Kazuyuki Tanaka (Reims)